Aviactualité #1 – Coronavirus et Aviation

Pour ce premier épisode nous allons parler de l’impact du COVID-19 sur l’aviation.

On ne le présente plus, le COVID-19 est au coeur de l’actualité. C’est un virus qui est apparu en Chine, dans la ville de Wuhan, dans le courant du mois de Novembre 2019, causant notamment des problèmes respiratoires qui dans le pire des cas peuvent entraîner la mort. Il s’est très vite propagé au niveau mondial et a été déclaré comme pandémie par l’OMS le 11 Mars 2020.

Quel est son impact sur le monde de l’aviation?

La Chine point de départ du virus

La Chine a été la première impactée par cette crise avec une diminution deux tiers de son trafic aérien entre le 31 décembre 2019 et le 4 février 2020. Beaucoup de compagnies aériennes ont également annulé leurs vols à destination de l’Asie à cause de la propagation du virus.

Source: Flightradar24 | Evolution des départs des plus gros aéroports Chinois entre le 31 Décembre 2019 et le 4 Février 2020.

Prévisions de l’IATA

L’IATA (Internation Air Transport Association) qui suit de près l’épidémie avaient émis deux types de scénarios possible au 5 mars 2020:

  1.  Une propagation limitée du virus qui entraînerait une forte baisse de la demande puis une ré-augmentation de même taille (similaire à l’épidémie SARS de 2003) en forme de V. Dans ce scénario, la perte de revenus pour les compagnies aériennes au niveau mondial est estimée à 63 milliards $ dont 43 milliards $ rien que sur le marché Asiatique.
  2. Une propagation plus large qui entraînerait une perte de revenus pour les compagnies aériennes au niveau mondial estimée à 113 milliards $.

L’ IATA avait également rappelé que le prix du pétrole a fortement diminué depuis le début de l’année ce qui pourrait – très légèrement – atténuer les conséquences financières de la crise d’un montant évalué à 28 milliards $.

Source: IATA | Impact des précédentes épidémies sur les RPKs (Revenue Passenger Kilometer)

C’est sans surprise que l’on s’est finalement dirigé vers le 2ème scénario et qu’on l’a même dépassé. Le 24 mars 2020, l’IATA a donc mis à jour ses prévisions qui sont bien pires que celles qui avaient été réalisées précédemment.

Désormais la perte de revenus pour les compagnies aériennes au niveau mondial est estimée à 252 Milliards $ soit une baisse de 44% par rapport à 2019.

L’espoir d’avoir une courbe de demande en forme de V s’est estompé: par rapport au SRAS de 2003, cette crise impacte l’économie globale qui est rentrée en récession. Cette récession va donc certainement impacter la demande. Cette prévision semble se confirmer avec sur le marché chinois qui reprend petit à petit ses vols intérieurs.

Impact de la crise de COVID-19 sur la demande des marchés du transport aérien Chinois et Asie-Pacifique.

Le COVID-19 impactera certainement le marché global, avec la baisse de demande, l’offre diminuera également réduisant ainsi les RPKs de 38% par rapport à 2019.

L’offre va également diminuer car il est fortement probable que certaines compagnies aériennes ne survivront pas à cette crise (du moins sans aide des états) à cause d’une fermeture générale des frontières au niveau mondial pour une durée minimale estimée à 3 mois par l’IATA. Or les compagnies aériennes ne disposent, en moyenne, que de deux mois de liquidités.

Niveau de liquidités minimal, médian, et maximal des compagnies aériennes par zone géographique.

En Europe

La compagnie aérienne régionale Britannique Flybe a fait faillite le 4 mars 2020. Cette faillite due en partie à cette crise sanitaire s’explique surtout par une situation financière déjà instable bien avant la pandémie de coronavirus: 

  • Sur l’année 2016-2017, Flybe enregistrait une perte nette de 33,49 Millions $ et une rentabilité d’exploitation de -6,20%.
  • Sur l’année 2017-2018, Flybe enregistrait une perte nette moindre de 13,169 Millions $ mais avec une rentabilité d’exploitation de -8,98%.

La baisse de trafic et de demande engendrés par la crise du COVID-19, ont conduit la compagnie aérienne à déposer le bilan.

Air France

Pour Air France, cette crise aura certainement un impact mais il reste peu probable que le transporteur fasse faillite de par:

  • Son appartenance au groupe Air France-KLM.
  • Son très large réseau: Transavia, Air France Industries and KLM Engineering and Maintenance, Air France-KLM Cargo.
  • Sa valeur aux yeux de la France.

L’impact de la crise se fera malgré tout ressentir puisque la plus grosse partie du chiffre d’affaire du groupe provient du marché Européen qui est officiellement devenu le 13 Mars le nouveau foyer du COVID-19.

Répartition Géographique du chiffre d’affaire du groupe Air France-KLM. 

(Le CA Total comprend également les marchés Afrique, Moyen-Orient, et CILA non affichés dans ce tableau)

Marché Chiffre d'affaire % du CA total CA Total
Asie-Pacifique
2 262 000 €
10%
23 272 000 €
Amérique du Nord
3 469 000 €
15%
Europe (France & Benelux exclus)
4 920 000 €
21%
France
6 796 000 €
29%

Malgré tout l’état économique et financier du groupe Air France-KLM, est rassurant:

  • Concernant la performance économique, les chiffres sont proches de ceux que l’ont attendrait pour une compagnie aérienne
  • D’un point de vue financier, on voit que l’activité est essentiellement financée par des dettes financières (3 fois supérieures aux capitaux propres), et le risque liquidatif élevé (on attend qu’il soit supérieur à 20 %) pourraient limiter la capacité d’Air France à contracter des prêts auprès des banques. Cependant la capacité de remboursement égale à un an et demi est très rassurante.

L’état a également annoncé qu’il aiderait Air France pour cette crise économique ce qui laisse planer peu de doutes sur la capacité de la compagnie aérienne à traverser la crise.

Performance économique

Coefficient de rotation

Profitabilité

Rentabilité d'exploitation

2.07

4.20 %

8.67 %

Situation financière

Autonomie financière

Risque liquidatif

Capacité de remboursement

3.1

7.48 %

1.63

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